La Charte de Biderman, également connue sous le nom de Charte de la torture psychologique, est un document créé par le psychologue social américain Albert Biderman dans les années 1950. Cette charte est un guide pour les interrogateurs utilisant des techniques de torture psychologique et des méthodes de coercition aux fins d’obtenir des informations d’un suspect ou d’un prisonnier.
Ce document est composé de huit principes fondamentaux qui ont été utilisés pour « briser » les prisonniers de guerre lors de conflits armés, ainsi que pour interroger les criminels présumés dans les enquêtes criminelles.
1. Isoler la victime
- Priver la personne des soutiens et liens sociaux qui lui donneraient la capacité de résister.
- Développer chez la victime une inquiétude intense à propos d’elle-même.
- Rendre la victime dépendante de l’autorité.
2. Monopoliser la perception
- Fixer l’attention de la victime sur une situation difficile et urgente, forcer son introspection.
- Éliminer les informations pouvant contredire celles de l’autorité.
- Punir toutes les actions d’insoumission.
3. Induire l’épuisement
- Affaiblir la volonté de résistance, qu’elle soit physique ou mentale.
4. Présenter des menaces
- Cultiver l’anxiété, le stress et le désespoir.
5. Montrer des indulgences occasionnelles
- Procurer une motivation à respecter les ordres, à obéir, et à se soumettre.
- Empêcher également ainsi l’accoutumance aux privations imposées.
6. Démontrer la toute-puissance du pouvoir
- Suggérer l’inutilité et la futilité de la résistance à l’autorité.
7. Dégrader la victime
- Faire apparaître le prix de sa résistance comme plus dommageable que sa capitulation pour l’estime de soi.
- Réduire la victime au niveau de la survie animale.
8. Exiger des actions stupides et insensées
- Développer les habitudes de soumission à l’autorité, même pour des ordres totalement stupides, inutiles et infondés.
- Briser le libre arbitre et les capacités de jugement de la victime.
Ces principes ont été utilisés par de nombreuses organisations gouvernementales et militaires, notamment la CIA et le KGB, pour obtenir des informations des prisonniers. La charte de Biderman est considérée comme l’un des premiers documents à décrire les techniques de torture psychologique et à les justifier comme des méthodes efficaces d’interrogation.
Cette charte a été reprise par Amnesty International pour définir la torture.
En 1984, les Nations unies ont adopté la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, qui interdit explicitement l’utilisation de la torture en toutes circonstances.
Cependant, toute ressemblance avec l’actualité et le comportement de certains gouvernements et multinationales est purement fortuite…