Obéissance à l’autorité
Quoi qu’il en coûte ?
L’expérience de Milgram, réalisée en 1961 par le psychologue américain Stanley Milgram, visait à examiner la capacité des gens à obéir à des ordres qui allaient à l’encontre de leur conscience morale, ainsi que leur comportement face à l’autorité et leur propension à infliger de la douleur à autrui.
Contexte
Dans les années 1960, le procès d’Adolf Eichmann, un ancien officier SS, avait lieu à Jérusalem. Le monde laissait derrière lui la Seconde Guerre mondiale et les populations avaient découvert la réalité de l’Holocauste. Cela a suscité un grand débat sur la culpabilité des personnes qui y avaient participé en obéissant aux ordres.
Stanley Milgram, alors professeur de psychologie à l’Université Yale, décida d’explorer cette question en menant une expérience de psychologie sociale. Il voulait comprendre comment des gens ordinaires avaint pu commettre des atrocités comme celles perpétrées dans les camps de concentration nazis.
Méthodologie
L’expérience de Milgram impliquait un enseignant (un acteur) et un apprenant (un participant de l’expérience). L’enseignant était chargé d’administrer des chocs électriques, qui allaient de 15 volts à 450 volts, à l’apprenant chaque fois qu’il faisait une erreur dans une tâche d’apprentissage.
Cependant, les chocs électriques étaient fictifs, et l’apprenant était en réalité un complice de Milgram. L’expérience consistait à tester dans quelle mesure l’enseignant obéirait aux instructions de l’expérimentateur pour administrer des chocs électriques de plus en plus forts (dangereux, voire potentiellement mortels) à l’apprenant.
Lorsque l’enseignant donnait un choc électrique, l’apprenant criait et se plaignait de douleur. À mesure que les chocs électriques devenaient plus forts, l’apprenant devenait de plus en plus inquiet et demandait à arrêter l’expérience. L’expérimentateur exhortait alors l’enseignant à continuer en disant que l’expérience devait se poursuivre.
Résultats
Les résultats de l’expérience de Milgram ont été choquants : 65 % des participants ont administré le choc électrique maximum de 450 volts à l’apprenant, malgré les cris et les supplications de ce dernier pour arrêter l’expérience.
Il est important de noter cependant que Milgram a mené plusieurs versions de cette expérience, avec des variations mineures. Si dans la première version, environ 65 % des participants ont administré le choc le plus élevé de 450 volts, malgré les supplications de l’apprenant, dans les versions ultérieures de l’expérience, ce chiffre a varié de 30 % à 90 %.
Les participants semblaient croire que c’était leur devoir de continuer l’expérience, même si cela causait de la douleur et de la détresse à l’apprenant. Certains participants ont même montré des signes de stress extrême pendant l’expérience, tels que des tremblements et des rires nerveux.
Interprétation
L’expérience de Milgram a montré que les gens ont une forte tendance à obéir à des figures d’autorité, même lorsqu’elles leur demandent de faire quelque chose qui va à l’encontre de leur conscience morale.
Cette expérience a également été utilisée pour expliquer des événements tels que l’Holocauste et les atrocités commises dans d’autres contextes, tels que les dictatures militaires. Elle a mis en évidence la question de la responsabilité individuelle dans les situations où des actes immoraux sont commis sous l’influence de l’autorité.
L’expérience de Milgram a montré que les individus ont tendance à obéir à l’autorité, même si cela implique d’infliger de la douleur à autrui. Milgram a conclu que cette tendance était due à une combinaison de facteurs, tels que la perception de l’autorité, la désindividuation* et la déresponsabilisation.
Bien que cette étude ait permis d’apporter des résultats significatifs sur le comportement des individus face à l’autorité, elle a également été l’objet de critiques et de controverses. Les critiques portant principalement sur le manque d’éthique de l’expérience, la validité des résultats et la représentativité de l’échantillon.
* Désindividuation : (psychologie) mise à l’écart de la conscience de soi par le fait de se sentir affilié à un groupe.
« Le consentement par l’autorité
Étienne DE LA BOETIE – Stanley MILGRAM
Entre Étienne de LA BOETIE avec son “Discours de la servitude volontaire” et l’expérience de MILGRAM, près de quatre siècles se sont écoulés sans que la facilité de l’être humain à se soumettre aux injonctions d’une autorité ne soit démentie.
Dans les années 1960, le psychologue américain Stanley Milgram réalise une expérience qui montre que la majorité des personnes se soumettent aux ordres d’une autorité, même si elles sont informées qu’elles peuvent se retirer de l’expérience à tout moment et qu’elles savent que leur action crée une souffrance à autrui.
Les gens qui se sont livrés à l’expérience de MILGRAM n’étaient pas des psychopathes. Pourtant leur cerveau a accepté sans rechigner de commettre un acte de torture. C’est encore et toujours le mode mental automatique qui est à l’œuvre, mais peut-être sous l’emprise de puissantes forces cognitives : les valeurs.
Sur les traces du célèbre Ivan PAVLOV, le psychologue américain Burrhus Frederic SKINNER a théorisé les mécanismes de conditionnement opérant : l’influence de l’environnement renforce positivement (récompense) ou négativement (punition) les premières expériences et joue un rôle essentiel dans l’apprentissage. Des motivations positives (attente de résultat) ou négatives (évitement du résultat) construisent ainsi nos valeurs et notre culture, qui n’est pas figée.
Jouer sur les valeurs, par exemple l’obéissance à sa hiérarchie, l’amour de la patrie, l’engagement, permet d’obtenir un consentement, même de masse, avec peu d’effort si et seulement si la culture est fermement installée et partagée. Mais comment faire quand les valeurs ne le permettent pas ? En les transformant. »
[www.arcileo.com/lingenierie-du-consentement – novembre 2018]